L'amertume.

Amertume


Cette rive, hier, me lorgnait de haut, je vous le dis !
Au moment où je grappillais jovialement
Chez quelques bourgeois, je vis, d'un œil véhément
Un beau torrent, parmi les plus alanguis

Si distinguée de tes parents, pourquoi tes eaux
Ne sont-elles pas bleues, telle une réflexion du ciel ?
T'aurait-on versé un nectar artificiel
Avec pour motif de faner cet hâve ruisseau ?

Les nénuphars nous guident à toi, au même titre
Que les sirènes, traître lampion des matelots
Conservent âprement le gouvernail des vaisseaux
Doux murmure, là, près du quai, cette fuyante huître !

J'ai vu bien des charmeurs, lors de ma courte vie
Tu es dotée d'une aura si envoûtante
Mais de là à mener une oie sous ta tente
Et l'étreindre jusqu'à sa triste atonie

Cruelle, tu n'as qu'à tendre, sous les ponts, les flots
Pour que l'on murmure ode et hymne en ton honneur
Sale infidèle, lors de la toute dernière heure
Tu désertes et garde pour toi seule ce cher lot.